C’est le nouveau combat de Jean-Luc Mélenchon. Le cofondateur du Parti de gauche dénonce jeudi au Scan du Figaro le nouvel opus du jeu vidéo Assassin’s Creed, «Unity», sorti mardi 11 novembre aux Etats-Unis, jeudi en France.
«Je suis écoeuré par cette propagande», déclare le candidat à la présidentielle de 2012, qui ne goûte pas vraiment la plongée dans le Paris révolutionnaire de 1789 opérée par les développeurs du studio français Ubi Soft.
L’ancien candidat à la présidentielle y voit ni plus ni moins que«le dénigrement de la grande Révolution», «une sale besogne pour instiller d’avantage de dégoût de soir et de déclinisme aux Français». Et s’inquiète : «si l’on continue comme ça, il ne restera plus aucune identité commune possible aux Français à part la religion et la couleur de peau».
Une lutte dans laquelle le fondateur du parti de gauche est rejoint par le secrétaire national du PG Alexis Corbière qui y va d’un avertissement depuis son blog. «À tout ceux qui vont acheter Assassin’s Creed Unity, je leur souhaite un moment agréable, mais je leur dis aussi que le plaisir de jouer n’empêche pas de réfléchir. Jouez oui, mais ne vous laissez pas manipuler par ceux qui font de la propagande», écrit le militant, par ailleurs professeur d’Histoire.
Alexis Corbière se livre ensuite à une analyse de la vidéo promotionnelle du jeu vidéo, estimant qu’«elle reprend à son compte tous les poncifs contre-révolutionnaires forgés depuis plus deux siècles». «Le Peuple de Paris est présenté pour une cohorte brutale et sanguinaire, c’est lui qui produit la violence, toujours lui qui de façon aveugle fait couler le sang, notamment du bon roi débonnaire», décrit-il.
L’ancien conseiller de Paris en conclut qu’il ne s’agit plus d’un simple jeu-vidéo «mais clairement [d’]une propagande pour laquelle toute Révolution débouche sur des monstruosités» et que ses créateurs s’inscrivent dans un «courant idéologique de plus en plus présent dans les médias qui veut imposer au peuple français un autre regard sur la Révolution Française».
Le jeu vidéo déjà accusé de favoriser Daech
Dans une interview au Monde, Antoine Vimal du Monteil, un des producteurs du jeu, avait pourtant expliqué qu’«Assassin’s Creed Unity [était] un jeu vidéo grand public, pas une leçon d’histoire» et que la Révolution n’était que la «toile de fond» d’un jeu avant tout centré sur «une histoire d’amour et un dilemme cornélien». Mais l’argument ne semble pas avoir convaincu les deux hommes.
A noter, que le nouvel épisode d’Assassin’s Creed n’en est pas à sa première polémique, puisqu’un membre du centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam avait estimé en octobre dans le Figaro que «ces images de têtes coupées de gouvernants pourraient être une source d’inspiration virtuelle pour ceux voulant mettre à exécution les dernières menaces brandies par Daech contre la France».
Alexis Corbière, surnommé en mars 2013 «le gardien de la Révolution» par Paris Match, n’en est pas à sa première sortie sur la révolution française. En décembre 2013, à l’occasion de la reconstitution du visage de Maximilien de Robespierre par un spécialiste de la reconstruction faciale (qui s’était servi du masque mortuaire du révolutionnaire), le cadre du parti de gauche avait dénoncé d’«authentiques calomnies antirobespierristes». Jean-Luc Mélenchon y avait lui vu une «vieille ruse de l’iconographie […] : la laideur du visage est censée révéler la laideur de l’âme !»
Par AFP